VENDREDI 24 MARS À 15 H : CONFÉRENCE – DÉBAT AVEC LE DR DELPHINE DUPRÉ-LÉVÊQUE
“Vieillir chez soi ? En Ehpad ? Les vrais enjeux du virage domiciliaire”
“Le virage domiciliaire” : c’est un terme que l’on entend souvent lorsque l’on évoque la question du bien vieillir et la lutte contre l’isolement. Derrière ce concept quelque peu abstrait de prime abord se cache une réalité très simple : celle d’une volonté de plus en plus fréquente de rester à domicile dans de bonnes conditions pour les personnes âgées. Mais celles vivant en EHPAD souhaitent elles aussi se sentir chez elles.
Dans le cadre de cette conférence, proposée par l’association Presse Purée, nous avons interrogé la Dr Delphine Dupré-Lévêque, anthropologue de la santé spécialiste en gérontologie.
Une table ronde conclura cette journée avec la participation de Jean Lacoste, Conseiller Départemental, délégué aux personnes âgées, Jonathan de Belmont, président du réseau des Ehpad Béarn et Soule et Isabelle Davancens et Martial Durand, co-présidents du réseau des Services d’Aide et d’Accompagnement à Domicile 64.
Comment définiriez-vous le “virage domiciliaire” ? Est-ce un phénomène nouveau ?
DELPHINE DUPRÉ-LÉVÊQUE : “Selon moi, le virage domiciliaire se définit simplement : quel que soit le lieu où la personne âgée vit, il faut qu’elle s’y sente chez elle. La chambre à l’EHPAD est également un nouveau chez soi pour la personne, même si elle partage les autres espaces.
Le phénomène est assez nouveau. On a toujours une culture très médicale dans la prise en charge des résidents d’EHPAD. L’accompagnement se fait dans une ambiance qu’on peut tout à fait qualifier d’“hospitalière” (dans le sens “hôpital”). Avec le virage domiciliaire, la personne devrait être accueillie en tant qu’individu avec ses singularités et non comme un malade. Mais pour en arriver là, c’est un travail collectif qui doit s’opérer.”
Quelle est la différence entre le vieillissement à domicile et celui en EHPAD?
DELPHINE DUPRÉ-LÉVÊQUE : “J’ai envie de dire qu’il faut être au bon endroit au bon moment. Une personne qui vieillit chez elle avec des aménagements qui lui permettent de sortir de chez elle et d’être autonome n’a aucune raison de changer d’habitat. Mais dès lors que les ennuis de santé commencent, le domicile où l’on a vécu parfois pendant toute une vie peut devenir un lieu d’enfermement.
La personne passe ses journées à attendre les auxiliaires qui l’assistent dans les gestes de la vie quotidienne et se retrouve isolée. J’évoque souvent ce constat qui en dit long : la majeure partie des personnes en fauteuil roulant sont des femmes de plus de 75 ans. Pourtant, vous n’en voyez jamais dans les rues, parce qu’elles sont presque à chaque fois enfermées chez elles… Dans ce cas-là, l’arrivée en EHPAD offre davantage de libertés, liberté d’aller chez le coiffeur, de participer à des animations notamment.
Pour bien vieillir, il est fondamental de conserver un réseau social riche de plusieurs générations en proscrivant l’isolement, et de penser son logement en amont pour anticiper des aménagements. Je recommande évidemment à tous les seniors de participer aux ateliers gratuits de prévention des chutes organisés un peu partout par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV).”
Quel message principal souhaiteriez-vous transmettre durant la conférence?
DELPHINE DUPRÉ-LÉVÊQUE : “Le message à retenir de mon intervention sera le suivant : pas d’opposition entre domicile et EHPAD ! Il faut avancer ensemble et être là où il faut et quand il faut à chaque moment du parcours de vie des personnes. Je n’aime pas tellement le terme de “maintien à domicile”, je préfère parler de “soutien”.
Je souhaite également mettre en lumière tous ces métiers de la santé et du social qui ont vraiment besoin d’une meilleure presse, car même si ce sont des métiers difficiles ce sont des métiers du lien et des relations…”
Envie d’en savoir plus sur le sujet ? Rendez-vous lors de la conférence !
N’hésitez pas à consulter le site de l’action “Stop à l’isolement !” initiée par Delphine Dupré-Lévêque :
www.stopalisolement.fr pour tous, personnes à domicile, en établissement, aidants familiaux ou professionnels, bénévoles et services civiques.