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L’emploi des seniors : vers de nouvelles perspectives ?

L’emploi des seniors : vers de nouvelles perspectives ?

« Mal-aimés de l’entreprise, bombe sociale, malmenés de l’emploi, un scandale, un immense gâchis, faire la guerre aux seniors, si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie ». Pour les plus de 55 ans lire la presse est devenue une épreuve, tant le sujet de l’emploi des « seniors » est un enjeu social, politique et économique renforcé par la réforme des retraites votée en 2023.

 

C’est d’ailleurs un chantier prioritaire pour la nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin. Les négociations entre partenaires sociaux pour l’application de cette loi ont lieu en ce début du mois de février 2024.

Pourtant, la situation s’est améliorée ces 20 dernières années. Selon la Daress (La Direction de l’animation de la recherche, des études et des Statistiques), 56 % des 55-64 ans sont en emploi, un taux jamais égalé depuis 1975. Un chiffre qu’il convient de relativiser et mettre en perspective.

A 55 ans, 75 % des salariés ont un travail, à 60 ans ils ne sont plus que 50 % et moins de 32 % à 62 ans. Ce qui complique l’équation du départ à la retraite à 64 ans. A titre de comparaison, 82,5% des 25-49 ans ont un emploi.

Ce faible niveau d’emploi touche plus les femmes que les hommes, doublement pénalisées. Les femmes de plus de 55 ans sont trois fois plus nombreuses à temps partiel que les hommes. La durée moyenne du chômage est au moins deux fois plus élevée chez les Français de plus de 55 ans par rapport aux autres classes d’âge.

Si l’on se compare aux autres pays européens, nous ne sommes pas loin du bonnet d’âne. La France se classe 17ème sur 27 pays dans l’emploi des + de 55 ans, en dessous de la moyenne européenne, très loin derrière les pays du nord mais aussi le Portugal et l’Espagne.

Comment expliquer cette situation ? Une étude réalisée en 2023 par le groupe Grant Alexander et Opinion Way auprès de 600 recruteurs et DRH nous éclaire sur les freins à l’embauche.

  • Ils considèrent à 70 % que les plus de 55 ans rencontrent des difficultés pour travailler avec les plus jeunes, ne savent pas s’adapter aux conditions de l’entreprise, à sa digitalisation.
  • Les prétentions salariales constituent un frein pour un recruteur sur deux.
  • 74 % des sondés ont déjà eu la consigne de privilégier des profils jeunes.
  • 68 % ont déjà écarté d’emblée les candidatures de profils seniors.

Que faire face à cette situation et à ces préjugés ? Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, juge que cette situation est « un scandale ». Il plaide pour « un vrai plan d’action pour l’emploi des plus de 55 ans » et propose notamment aux chefs d’entreprise « de rompre avec cette pratique d’un autre temps – la mise à la retraite déguisée de vos salariés les plus âgés ».  Pour y remédier, il propose de réduire la durée de prise en charge du chômage, il plaide également pour une sortie progressive du marché du travail pour les plus de 55 ans.  Ils pourraient ainsi disposer de contrats leur permettant de travailler 80% du temps, tout en touchant « 90% de leur salaire et 100% de leurs cotisations retraite ».

Le sujet est éminemment politique. L’Association nationale des directeurs des ressources humaines (Andrh) souhaite la mise en place d’un plan « Un senior, une solution » à l’image de « Un jeune, une solution ». On y trouverait une aide à l’insertion dans la vie professionnelle, la formation et l’accompagnement vers l’emploi. 

Ceux qui travaillent à ce sujet regardent aussi vers d’autres pays Européens comme la Suède ou la Finlande.

Ces deux pays du nord de l’Europe prennent le sujet dans la globalité. Il est question de santé au travail, de formation professionnelle tout le long de la carrière mais aussi d’un changement de perception des seniors dans le monde de l’entreprise.

En Suède 77% des Suédois dans la tranche 55-64 ans travaillent, c’est 20 points de plus que les Français.

Quelle est la recette ? L’ancienneté salariale existe peu, à travail égal, salaire égal que l’on ait 30 ans ou 55 ans. Après 45 ans les salaires augmentent très peu, ce qui favorise le maintien des travailleurs séniors. La loi Suédoise oblige les entreprises à accepter les demandes de temps partiels demandés par les salariés. Par ailleurs, le système de retraite a été largement modifié en Suède et beaucoup sont obligés de travailler pour survivre….

Côté positif, les salariés bénéficient d’une formation continue très forte, quel que soit l’âge, les emplois sont adaptés en fonction de l’âge et de la pénibilité. Le temps de travail peut être modulé et des aides de l’État permettent à l’entreprise de bénéficier de réductions de contributions sociales d’un sénior. Le salarié toujours en emploi bénéficie de réduction d’impôts.

Enfin les préjugés sont beaucoup moins forts là-bas et il est relativement fréquent d’avoir des salariés âgés qui gardent un emploi avec quelques heures pour rester actifs et sociabilisés.

Va-t-on vers un modèle Suédois ? ou un aménagement à la Française ? C’est tout l’enjeu des discussions entre les partenaires sociaux qui vont se tenir ce semestre.

 

Rendez-vous le 8 mars 2024 au Salon des Seniors & des aidants à l’Hippodrome de Pau avec un volet emplois et une série d’offres pour celles et ceux qui veulent (ou doivent) rester actifs.

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